Trouver le bâtiment 5 qui abrite les collections de géologie de l’Université de Rennes 1 n’est pas une mince affaire.
Mais Jean Plaine, le Conservateur de ce musée, nous avait donné des indices : rendez-vous dans le bâtiment de la vice-présidence, facilement repérable derrière ses trois drapeaux.
Il nous guide ensuite dans le dédale des couloirs et des bâtiments, avant de nous faire parcourir les ères géologiques.
L’entrée du musée de géologie de Rennes 1.
Avec une passion communicative, Jean Plaine nous a fait l’historique des collections puis un rappel de l’histoire de la formation et de la mise en place des roches. Nous nous sommes retrouvés à la place d’étudiants, face au tableau où le maître expérimenté accompagnait son exposé par des schémas rapidement exécutés mais très éclairants.
Cette salle de cours d’architecture très ordinaire avait pourtant quelque chose de pas commun : elle était bordée de belles vitrines en chêne des années 1940 communicant une certaine chaleur à cette pièce . Au mur du fond étaient accrochées deux grandes peintures représentant la vallée de la Vilaine réalisées par Yvonne Jean-Haffen , disciple et amie de Mathurin Méheut.
Nous retrouverons ces deux peintres tout au long de la visite.
C’est Yves Milon*, fondateur de l’institut de géologie du Thabor qui avait commandé en 1941 à Mathurin Méheut, vingt-cinq tableaux qui devaient répondre à un cahier de charges très précis. Ils devaient être exécutés dans un camaïeu allant du brun au jaune clair pour être en harmonie avec le mobilier ; outre l’aspect décoratif, ils devaient respecter les exigences scientifiques. Mathurin Méheut réalisa vingt des tableaux, Yvonne Jan-Haffen cinq, mais tous deux prirent quelques libertés avec la science tout en respectant l’essentiel des recommandations.
Ces œuvres, un temps en situation incertaine ont déménagé en deux étapes des bâtiments du Thabor vers ceux de Beaulieu : classées monuments historiques en 1990, restaurées à partir de 1992, elles sont désormais à l’abri dans leur cohérence initiale (en liaison avec les collections) sous l’œil attentif de Jean Plaine. Pendant l’été, elles migrent souvent pour prendre place dans des expositions temporaires sur les côtes bretonnes ou ailleurs.
Mais n’oublions pas que ces tableaux sont là pour accompagner les collections géologiques qui sont elles aussi d’une valeur exceptionnelle.
Jean Plaine est inépuisable sur le sujet. Pendant trois heures il captive l’attention de nos trente amis du musée de Bretagne, émaillant ses commentaires très scientifiques de souvenirs personnels.
Difficile de choisir de quel exemple de roche, de minéral, de fossile on doit parler. La beauté des certaines pièces exposées est stupéfiante et l’on comprend le souci d’Yves Milon d’allier l’art à la science .
La meilleure chose à faire pour s’en rendre compte, c’est de s’y rendre : les collections sont ouvertes gratuitement à tout le monde. Il suffit de se présenter au bâtiment 5 du Campus de Beaulieu les jours ouvrables. Si l’on souhaite des précisions sur un point ou un autre en cours de visite, on peut frapper à la porte du conservateur.
Pour les passionnés de physique, de botanique et de zoologie, il faut savoir qu’il existe aussi d’autres collections scientifiques sur le campus de Rennes 1 à Beaulieu.
* Pour mieux connaître cette personnalité exceptionnelle qui est à l’origine de l’essor de l’enseignement supérieur à Rennes à partir de 1945, voir le livre d’ Yves Rannou, « Yves Milon : de la Résistance à la mairie de Rennes », Éditions Apogée, 2006.
Christian Briec, membre du bureau de l’AMEBB.