Visite de l’exposition « Naître au fil des siècles – vers un enfant désiré », à l’Hôtel-Dieu, Rennes

 

Le 10 octobre 2018, l’AMEBB a organisé une visite de l’exposition « Naître au fil des siècles – vers un enfant désiré » qui s’est tenue au Conservatoire du Patrimoine Hospitalier à l’Hôtel-Dieu à Rennes.

Ce sont des professeurs de lycées rennais qui ont sollicité le conservatoire afin qu’il présente des objets de collection pour évoquer la contraception à travers le temps. Les présentatrices ont été surprises du succès de l’opération, qui touche bien d’autres milieux que les scolaires. Il faut convenir qu’elles la rendent passionnante, accessible (au grand public) , émaillée d’anecdotes.

Le contrôle des naissances existe dès l’Antiquité, mais les interprétations scientifiques sont tardives. Les galets dans le vagin, les préservatifs masculins en boyau d’agneau peuvent être utilisés comme contraceptifs. Un mélange miel-dattes-excréments de crocodiles est donné pour spermicide, des plantes comme le lupin, la rue, sont considérées comme abortives. L’Eglise catholique est opposée à la contraception, mais les superstitions sont multiples : par exemple, pour être fécondées, les femmes doivent s’allonger trois nuits de suite sur la « pierre de Locronan ». (Anne de Bretagne l’aurait fait). Si la naissance est difficile, on pratique des césariennes, et on privilégie la vie du bébé plutôt que celle de la mère, alors que c’était l’inverse dans l’Antiquité. Quand on craint que le bébé ne meure, on utilise un « clystère à baptiser », coudé, pour oindre l’enfant dans le ventre de la mère. On voit aussi dans les vitrines des tubes souples qui permettaient de faire des auto-transfusions ou des transfusions de bras à bras. Jusqu’à Ambroise Paré, l’accouchement est une affaire de femmes (sauf pour les protestantes qui, par décision de Louis XIV, n’ont plus le droit d’être sage-femmes). Ambroise Paré en fait « une affaire sérieuse » mais il faut attendre le milieu du XIX ème siècle pour que les accouchements difficiles se fassent avec une anesthésie générale (Ex. la reine Victoria pour son 8ème enfant), ce que condamne l’Eglise catholique. Elle condamne aussi l’avortement, dont le régime de Vichy fait un crime punissable de la peine de mort. La loi Veil y a mis fin et a autorisé en 1975 l’interruption volontaire de grossesse, après que la loi Neuvirth eût rendu légale la contraception.

La 2ème partie de l’exposition concerne les méthodes contraceptives, des plus fantaisistes comme la méthode des températures – mais il semble qu’elle revienne en force dans les pays du nord- ou le slip chauffant masculin qui doit être fatal aux spermatozoïdes, aux pratiques les plus modernes dont la longue liste doit – c’est son objectif – donner à réfléchir aux plus jeunes.

 

22 septembre 2018 – Visite à Dinard

Dinard villasOn croît connaître, on y a déjà accompagné des amis, regardé les villas en faisant la planche plage de l’écluse … Mais Marie-Hélène, notre excellente guide de l’Office du tourisme, et nos deux mentors, Odile Canneva-Tetu et Jean-Pierre Mandart, nous en ont fait revivre l’histoire, à travers l’architecture et les personnages extraordinaires qui ont « inventé » la station balnéaire.

Dinard est né avec ce que le sociologue Alain Corbin appelle la « naissance du rivage ». Plus concrètement, c’est l’initiative individuelle d’une grande famille anglaise, les Faber, qui est à l’origine de la transformation d’un village de pêcheurs dépendant de la paroisse de Saint Enogat en une villégiature cosmopolite fréquentée par une pléiade de gens fortunés, aristocrates, grands industriels et même têtes couronnées.

Les ZPPAUP, zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager, ont été mises en place en 1983 par la loi de décentralisation dite loi Defferre. Dès l’année suivante, afin de protéger villas et immeubles des spéculations immobilières et des destructions, une ZPPAUP vit le jour à Dinard et 400 édifices furent inscrits dans le périmètre soumis à protection. Dinard méritait cette mesure.

De la Pointe du Moulinet à celle de la Malouine, d’immenses villas de style éclectique sont construites du milieu du XIX e siècle au premier tiers du XXe. Elles sont ouvertes vers le nord, c’est-à-dire vers la mer, les iles, Saint Malo, par des bow-windows, des fenêtres à guillotine et parfois, comme aux Roches brunes, d’immenses terrasses. Cette implantation, essentiellement anglaise à l’origine, s’accompagne de constructions indispensables aux occupations de cette société et dont il reste des témoignages : casinos, établissements et cabines de bains, hôtels, église anglicane -la seule qui subsiste dans l’ouest- et clubs sportifs dont le yachting club que l’on doit à l’architecte régionaliste Yves Hémar.

La crise de 1929 a des conséquences immédiates à Dinard, désertée par les anglo-saxons. Une importante population domestique, autrefois logée dans des communs parfois très élégants, perd alors son emploi. C’est un tourisme plus populaire qui se développe après-guerre, plusieurs villas sont transformées en hôtels ou divisées en appartements, même si quelques capitaines d’industrie continuent de s’y implanter tel François Pinault, acquéreur en 2013 de l’étonnante villa Greystones construite par Roux-Spitz pour lui-même en 1938. Une autre « colonie », celle des intellectuels et des artistes, a construit des maisons plus modestes à Saint Enogat.

Ceci ne pourrait-il faire l’objet, pour l’AMEBB, d’une autre exploration allant, pourquoi pas, jusqu’à Saint Lunaire et Saint Briac ?

Marie-Jeanne Yvinec   (Crédit photo Alain Amet)          

Point Clos – un camp d’aviation oublié dans la forêt de Brocéliande

(Compléments à l’article de Hervé le Vot, Bulletin de l’AMEBB, n°97, octobre 2018)

Point-Clos (1)-1
Situation géographique du terrain d’aviation de Point-Clos à la limite des communes de Gaël et de Concoret, et à la limite des départements d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan.
Point-Clos (2)-1
Une vue aérienne du terrain d’aviation du Point-Clos en 1936
Point-Clos (3)-1
Plan des bâtiments et des installations du casernement, en 1942
Point-Clos (6)-1
Bloch MB 200, bombardier moyen bimoteur de nuit
Point-Clos (5)-1
Breguet 19A , bombardier léger et avion de reconnaissance
Point-Clos (4)-1
Avion Potez 25, biplace, monomoteur d’observation et de bombardement français conçu en 1920, mis en service dans l’Aviation militaire en 1924.

 

Bibliographie

LE ROY, Thierry, Les bretons et l’aéronautique des origines à 1939, PUR, Rennes, 2002Site [s] internet :1925-1955, Point Clos ou l’histoire d’un camp d’aviation oublié :http://point-clos-gael-concoret.e-monsite.com/

Les festivités de la Libération à Point-Clos, Vendredi et Samedi Ouest-France du 07/08/2014, édition de Gaël http://www.ouest-france.fr/bretagne/gael-35290/les-festivites-de-la-liberation-point-clos-vendredi-et-samedi-2749138

Aérostèles lieux de mémoire aéronautique :http://www.aerosteles.net/stelefr-gael-campaviation

L’aérodrome de Gaël, Ouest-France du 5 août 2002

La Luftwaffe à Gaël http://www.absa3945.com/Gael%20aviation/luftwaffe_gael.html

Source des documents :

SHD (Service Historique de la Défense) Vincennes : Rapports généraux sur les camps d’instructions 1925

Génie, Direction des Travaux du génie, Rennes, carton Vitré-Gaël ; Génie, tablette 231, plan terrier du camp d’aviation de Gaël (1925)

SHD Vincennes – Les ordres de bataille de la Luftwaffe : Fliegerhorstkommandanturen und Flugplätze der deutschen Luftwaffe 1935-1945 – Joachim Streit – Gianfranco Mattiello

Bundersarchiv – Militärarchiv Fribourg en Brisgau – RL 19, RL 25, RL 20

 

6 octobre 2018 – Au Musée de Bretagne, une rare et curieuse affiche révolutionnaire

Affiche révolu

L’utilisation de la langue bretonne dans les actes officiels de la Révolution française, par Hervé Le Vot, membre de l’AMEBB.

C’est au musée de Bretagne que Monsieur Le Vot nous a présenté une rare et curieuse affiche révolutionnaire bilingue français – breton intitulée EGALITE LIBERTE, datée du 14 frimaire an II (4 décembre 1793), et exposée dans les collections permanentes. Elle illustre un aspect de la politique linguistique des dirigeants révolutionnaires, politique qui a évolué au cours du temps en fonction des évènements et des tendances au pouvoir.

Cette affiche, qui se présente sur deux colonnes, celle de gauche en français, celle de droite en breton, est un décret imprimé à Brest, qui annonce la mise en place de bureaux de traduction. Il est précisé que le texte en français sera toujours placé à côté de la traduction en langue locale. L’objectif n’est pas de favoriser les langues régionales, mais de contrer la propagande contre-révolutionnaire et religieuse qui se fait en breton (surtout le breton du Trégor) afin de mieux toucher les populations locales. La recension des textes en breton de cette période donne 138 pro-révolutionnaires et 115 contre-révolutionnaires, ceux-ci souvent trouvés sur les personnes arrêtées. Mais dès le 27 janvier 1794 – c’est la Terreur – un nouveau décret impose le français : d’après le conventionnel Barère, le fédéralisme et les patois parlent contre-révolutionnaire. Mieux vaut écrire que traduire, et si la population n’est pas capable de lire le français, qu’on envoie des instituteurs partout dans le pays. Le 4 juin 1794, l’abbé Grégoire, celui-là même qui a contribué à la fin de l’esclavage, fait un rapport sur les moyens d’éradiquer les langues régionales, celles-ci ne pouvant pas, selon lui, restituer les idées de la Révolution. Seule l’unité de langue peut faire l’unité de la république. Et on en arrive à des mesures d’emprisonnement contre les locuteurs ne s’exprimant pas en français.

Pourtant, il faut se mettre à la portée des populations, à une époque de grande instabilité politique. La traduction est un véritable enjeu pour le succès de la Révolution. Alors, le pragmatisme l’emporte : avant même la fin de la Convention montagnarde, le 20 juillet 1794, l’interdiction de traduire est suspendue, on décide d’utiliser les langues locales comme langues auxiliaires, et ce sont des notables – ceux qui savent lire et écrire – qui doivent faire passer les idées nouvelles. Activité pleine d’embûches, il n’est pas aisé de trouver les traducteurs aptes à exprimer les idées nouvelles, d’autant plus que certains mots n’existent pas en breton …