14 juin 2019 – Le chantier Nugue à Bourg-des-Comptes

De cette visite à l’atelier de fabrication d’avirons et de canoës – où opérèrent Roland Nugue et, avant lui, son père René – on ressort fascinés.

Premier sujet de séduction : le lieu d’implantation de cette activité, une maison de notable dominant la courbe de la Vilaine complétée par son jardin – peut-être inspiré par les frères Bühler – et son orangerie transformée en atelier en 1922, le tout formant un ensemble cohérent. C’est l’œuvre de Jules Nugue, grand-père de René, architecte de son état. Il la conçut en 1852-1854 mais la remania, lui donnant des airs de castel anglais, après sa visite à l’exposition universelle de Londres en 1862.

Second sujet de séduction : l’atelier. Dans ce local, malgré le passage du temps, on sent encore les vibrations du travail de deux passionnés.l'atelier

 

 

 

 

L’atelier

 

Troisième sujet de séduction : le récit que captent nos oreilles attentives lorsque Roland Nugue déroule l’histoire de sa famille. Celle d’une rencontre entre Charles Lefeuvre (1875-1965) – médecin et passionné d’aviron, auteur de recherches physiologiques et notamment d’une étude graphique sur le coup d’aviron – et son neveu René Nugue (1897-1969). Ce dernier est un esprit curieux et très habile de ses mains. Il commence des études de médecine, bifurque vers une licence es-sciences qu’il obtient, mais, également passionné par la pratique de l’aviron, décide de se consacrer à la fabrication de bateaux. Il transforme l’orangerie en atelier en 1922 et se consacre dès lors à la construction de canots, essentiellement des canots automobiles. Le début de la Seconde Guerre mondiale sonne la fin de son activité. Il deviendra agriculteur se distinguant dans le travail de la sélection des races de gallinacées (poule de Janzé, Gaulois doré, Coucou de Rennes).

Puis vient l’histoire de notre narrateur, Roland, fils de René, né en 1942. Il est géomètre-topographe de formation mais aussi instructeur d’aviron. En avril 1972, il se laisse entrainer par la passion transmise par son père : il sera artisan, fabricant de petites unités et réparateur d’embarcations en bois, jusqu’en 2003. A ses côtés, sa sœur Annaïg sera son assistante dans la production et sa conseillère technique. Roland Nugue, qui se définit lui-même comme « canotier-restaurateur, créateur de patrimoine maritime culturel », un métier que l’on exerce le plus souvent en solitaire, n’a hélas pu transmettre son atelier faute d’apprentis volontaires mais il sait exprimer sa passion par les mots et aime aussi la communiquer. C’est pourquoi, en compagnie de sa sœur, il fut présent dans de prestigieux salons professionnels (salon du bateau de caractère à Dinard, salon du patrimoine culturel à Paris…), lieux par excellence d’échanges privilégiés avec ceux qui partagent la même passion. C’est aussi pour cette raison que nous sommes revenus séduits par cette immersion dans ce monde « d’acajou, de bronze et de rêve ».

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Odile Canneva-Tetu- AMEBB

5 juin 2019 – Excursion en Avranchin

Qu’est-ce qu’une abbaye médiévale ? C’est ce que nos trois visites doivent nous permettre de voir et de comprendre, à travers l’exemple de l’abbaye de la Lucerne, plus accessible que celle du Mont-Saint-Michel. Mais, contraintes matérielles obligent, c’est par le prieuré d’Ardevon que nous commençons.

Marie-Line Canneva, membre de l’Association du Prieuré qui relève les ruines de cette annexe de l’abbaye du Mont-Saint-Michel, à l’étroit sur son rocher à 8 km de là, nous présente les différents bâtiments, entourés des champs qui alimentaient la communauté bénédictine. Le pigeonnier à ouverture zénithale, magnifiquement restauré, comporte 1 000 nichoirs, ce qui signifierait que les terres s’étendaient sur 500 hectares. Les pèlerins étaient accueillis dans ce prieuré comme ils le sont à nouveau aujourd’hui.

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Le prieuré, avec le logis abbatial autrefois transformé en étable

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La grange dîmière du XVème siècle où on pouvait entreposer 15 000 gerbes de blé

 

Au scriptorial d’Avranches, « blockhaus » de béton brut inséré dans des restes de murailles médiévales, sont exposés des documents provenant de l’abbaye du Mont-Saint-Michel. Ils ont été déposés en 1791 par décision révolutionnaire au chef-lieu de district, l’abbaye ayant été transformée en prison. On y voit le travail des moines copistes, les matières premières, les outils, les couleurs qu’ils utilisaient, et quelques exemplaires, avec et sans miniatures, des 199 manuscrits anciens parmi les quelques 13 000 ouvrages entreposés à la bibliothèque patrimoniale de l’Hôtel de ville. Ils ont toujours à nous apprendre : grâce aux moyens modernes d’investigation, il est possible de lire le texte effacé sur un palimpseste, c’est-à-dire un parchemin qui a été gratté et réécrit !

L’abbaye de la Lucerne : c’est une abbaye de l’ordre de Prémontré, fondée en 1143, dont les membres sont à la fois moines et prêtres. Selon la volonté de Saint-Augustin, inspirateur de leur Règle, ce sont les clercs qui mènent une vie commune et accomplissent le service paroissial. C’est l’exemple même de l’abbaye médiévale : un ensemble de bâtiments clos de murs, pour une communauté placée sous l’autorité d’un abbé.

Plusieurs fois détruite et reconstruite, elle est vendue à la Révolution et transformée en filature de coton en 1799, avant de tomber en ruines. En 1959, l’abbé Lelégard lance sa restauration, en suivant le plan initial et avec l’objectif d’y accueillir à nouveau une communauté.

– L’église est de style roman à la base, gothique dans les parties hautes, avec une décoration originale en dents de scie

– Le cloître, qui a perdu ses arcades va être reconstruit

– Le réfectoire a été complètement restauré

– Au-dessous, un beau cellier roman a été reconstruit de 1989 à 1993 4

– Le dernier logis abbatial, belle résidence de style classique, date du XVIIIème siècle 5

– Le colombier du XIIIème siècle, peut-être le plus ancien de Normandie, compte 1 500 trous, ce qui témoigne de l’importance de l’abbaye.

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Une photo de groupe pour conclure cette très belle journée

Marie-Jeanne Yvinec – AMEBB

 

2 avril 2019 – Promenade sur les lieux de science à Rennes

Sur les pas des scientifiques Rennais, 2 avril 2019.

Retour sur quelques sites du parcours urbain guidé par Jacques Rolland, président de Rennes en sciences qui nous livré un compte rendu de cette visite, (publié dans le Bulletin de l’AMEBB, n° 99, juin 2019). Les commentaires accompagnant les photos ci-dessous sont de Joëlle Guillet.

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L’Hôtel de Robien. Son propriétaire le plus connu est Christophe de Robien (1699-1756), érudit, passionné de sciences. Il avait constitué un cabinet de curiosité (minéraux, coquillages, végétaux, objets d’art divers) des plus réputés en France, et fréquenté par de nombreux scientifiques. Il possédait du matériel scientifique, dont une lunette astronomique, fait très rare à l’époque. Sa collection, saisie à la Révolution, a été répartie principalement entre le Musée des Beaux-Arts, le Musée de Bretagne et la faculté des sciences de Rennes.

Le Palais universitaire. En 1848 débutent enfin les travaux de construction du Palais universitaire (architecte Vincent Boullé), actuellement Musée des Beaux-Arts, quai Émile Zola, bâti sur pilotis dans un méandre de la Vilaine rectifié, avec des quais rectilignes. Des universitaires de haut niveau s’y installent tels Simon Sirodot (1825-1903) géologue qui conduit les fouilles du Mont-Dol, François Massieu (1832-1896), géologue et conseiller municipal qui avec Georges Lechartier (1837-1903) s’intéressent aux questions d’hygiène et réalisent les études pour la première adduction d’eau et le tracé du tout à l’égout à Rennes. La faculté des sciences y cohabitant avec les autres facultés s’y trouva rapidement à l’étroit.

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En 1896, la faculté des sciences s’installe chez elle dans les locaux neufs de la place Pasteur. Le physicien Émile Gripon (1825-1912) met au point le système de chauffage par vapeur à basse pression. L’époque est marquée par l’affaire Dreyfus : les professeurs rennais Jules Andrade, Jacques Cavalier, Pierre Weiss s’activent dans des comités de défense. L’enseignement supérieur se développe et les effectifs ne cessent de croître. En 1903 un premier agrandissement permet d’assurer les cours de PCN devenus obligatoires pour les étudiants en médecine. En 1910 la botanique doit être accueillie dans l’ancien Grand séminaire, place Hoche, devenu faculté des lettres. Dans les jardins serres et vignes sont mises en place par Lucien Daniel (1856-1940) qui a consacré sa vie à l’étude des greffes sur les végétaux et sur l’acclimatation de la vigne au nord de la Loire. Le développement de la chimie va conduire en 1924, à la construction d’une nouvelle annexe au bas des jardins du Palais Saint-Georges, rue Kléber, à l’emplacement du parking actuel.

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En 1937, sous l’impulsion du professeur Yves Milon (1897-1987), résistant puis maire de Rennes, s’ouvre l’Institut de géologie, rue du Thabor, aujourd’hui présidence de l’Université. Haut lieu de résistance durant la Seconde guerre mondiale, sa décoration fut assurée par un ami d’Yves Milon, Mathurin Méheut ; conjuguant art et géologie, le décor évoque les paysages géologiques de Bretagne, la flore et la faune anciennes, les chercheurs au travail… Les 25 toiles , propriété de l’Université Rennes 1, ont été classées monument historique en 1990.

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