La visite du Musée de la Résistance en Argoat avec Jacqueline Sainclivier et la déambulation éclairée de Pierre Derrien dans le centre de la ville constituent des éléments importants pour comprendre cette ville. Claudine Morvan, nous offre ici un regard plus personnel.
Guingamp, l’esprit de Georges Voisin toujours vivant
» Sur le coteau face au grand large / les joyeux P’tits Gâs de Guingamp / grâce à Georges Voisin, esprit large / ont établi un très beau camp / Bréhec, plage démocratique / voit défiler depuis longtemps /des gâs à l’allure dynamique / que dirige Bébert Briant… «
Gamine à la colo je joue, je nage… je chante. Ce nom de Georges Voisin dans la chanson ne dit rien. C’est qui ce bonhomme ? Et puis, on continue de profiter de ce mois de vacances au bord de la mer. Dimanche, le bus de Guingamp débordera de tous les parents qui viennent en visite. Le soir, on aura tous un peu mal au ventre.
Quelques décennies plus tard la gamine se souvient, elle chante. Et des questions affluent. Qui est ce Georges Voisin ? Pourquoi son nom dans la chanson ?
Né à Loguivy-Plougras (Côtes du Nord) en 1895, il est l’un des premiers instituteurs de l’école primaire supérieure des garçons des Cantons à Guingamp dont il sera directeur jusqu’à sa mort. (Résistant, déporté il mourra en 1945).
Laïc convaincu, socialiste de la première heure, membre de la SFIO depuis 1922, il en devient délégué fédéral des Côtes du Nord. Il est secrétaire de l’Union locale de la CGT de Guingamp créée en 1936 et participe activement aux grèves de 1937 et 1938.
En 1923, il crée une crèche pour les enfants des familles défavorisées de la ville et en 1925 avec d’autres instituteurs laïcs il met sur pied la colonie de vacances « Nos P’tits Gâs de Guingamp » intégrée dans une association née en 1912. C’est « la Société d’Education Physique En Avant Guingamp » fondée par Pierre Deschamps (1873-1958) avec l’appui des instituteurs les « hussards de la République », ils prônent l’éducation par le sport et son rôle dans le développement physique de l’enfant.
Les activités sont variées : football, maniement des armes, gymnastique, mais au lendemain de la guerre, seul le foot subsiste. A sa création, la colonie de vacances est pensée comme un prolongement du club de foot qui se veut « Une société de solidarité et de bienfaisance pour la protection et le développement physique de l’enfant ». Dans un premier temps, elle n’accueillera que des garçons. L’aventure se termine au milieu des années 80.
Qu’en est-il aujourd’hui des principes humanistes des instituteurs de 1912 et 1925 ?
Le club de foot EAG reprend à son compte ces valeurs : humilité, combat, exigence, solidarité.
Le club des kalon (coeur) EAG, association loi 1901 qui regroupe 15206 supporters-actionnaires de l’En Avant Guingamp en plus de fédérer les supporteurs, prend en charge l’action caritative de EAG en soutenant des « projets porteurs de sourires ». Ainsi avec le Secours populaire, elle a permis en 2018 un séjour solidaire entre enfants Bretons, d’Europe, du Monde.
Kalon, supporters solidaires !
Claudine Morvan – juin 2022
Sources : https://maitron.fr/spip.php?article135015, notice VOISIN Georges, Charles par Yves Le Floch, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 13 mars 2021.
Le Maitron. Dictionnaire biographique mouvement ouvrier, mouvement social. https://maitron.fr/
En Avant Guingamp. L’histoire d’un club depuis 1912. https://www.eaguingamp.com/le-club/
Nos p’tits gas de Guingamp/ François Prigent. EAG-Kalon, [2018].https://www.kalon.bzh/attachments/les-ptits-gas.pdf