Girouettes, épis de faîtage…

Au gré du vent… pointent les girouettes…

En 2010/2011, l’Ecomusée nous a proposé une exposition, intitulée «Compagnons célestes, épis de faîtage, girouettes, ornements de toiture ». Précédemment notre association s’était intéressée à ce sujet en proposant une visite chez M Yves Bellanger-Rouault, ancien couvreur de Montgermont, collectionneur et créateur d’épis de faîtage et de girouettes, qui nous avait chaleureusement accueillis. M Bellanger-Rouault a depuis fait don de sa collection à l’écomusée, ne conservant que quelques pièces qu’il a créées, dont la girouette « le couvreur » fixée sur le toit de son garage. Retour sur un objet qui nous parle encore aujourd’hui.

Les premières girouettes sont apparues en Angleterre et dans les pays nordiques (les drakkars des Vikings en étaient équipés). Elles furent progressivement introduites en France et dans l’Europe entière. Au 10e siècle, une bulle pontificale demande qu’un coq soit posé sur chaque église pour rappeler le reniement de Saint Pierre. Au Moyen-Age, le droit de girouette est réglementé : la girouette est alors un des symboles de la puissance seigneuriale. Les chevaliers ayant investi une ville ont le droit de mettre une girouette sur la tour de leur château et la hiérarchie sociale s’affiche ainsi. Les églises, qui ont le même privilège, rivalisent avec les seigneurs puis à la naissance des communes, les bourgeois qui veulent affirmer leur indépendance vis à vis des seigneurs, font poser des girouettes sur les beffrois des villes.

Le rôle de la girouette est alors essentiel : c’est un matériel « scientifique » ou pour le moins utile, qui indique le sens du vent, mais parfois c’est également un objet décoratif et une marque honorifique. Certains modèles sont de véritables œuvres d’art créées par des artisans du fer, des sculpteurs et même des voiliers ou des ébénistes. A la Renaissance, un mouvement pour la démocratisation de la girouette se développe : les vassaux et les paysans sont soucieux de connaître et prévoir le temps pour protéger les récoltes et demandent l’autorisation de « porter girouette »

Il faudra cependant attendre la Révolution et la loi du 20 avril 1791 pour que soit décrétée l’abolition du droit seigneurial et exclusif de girouette.
Au début du 20e siècle, la girouette tombe un peu en désuétude, remplacée par les bulletins météo de la radio. Depuis quelques années les girouettes sont redécouvertes, restaurées, de nouveaux modèles sont créés. En 1980, le Ministère des Affaires Culturelles avait même fait de la girouette le symbole de l’année du patrimoine. Aujourd’hui au cours de nos promenades et randonnées, il est fréquent d’apercevoir des épis de faîtage et girouettes sur les toits des maisons, des granges ou …au milieu des pelouses. Quelques blasons se voient sur les tours des châteaux, chaque église a son coq (l’église de Groix se distingue avec un thon évoquant l’activité des pêcheurs de l’île). Dans la campagne on peut remarquer des girouettes qui rappellent l’activité professionnelle, le loisir ou la passion du propriétaire pour un animal ou comme à Monterfil pour le biniou.

Il ne faut bien évidemment pas oublier les sept girouettes installées lors de l’ouverture de l’Ecomusée à l’entrée du poulailler, du verger, ou au coin des parcelles cultivées. L’exposition de 2010/2011 à l’Écomusée a rappelé l’intérêt des girouettes et de tous leurs compagnons célestes et peut-être aussi contribué à leur pérennisation. Le livre « Compagnons célestes » édité en avril 2010, de Stéphanie Bardel et Sabrina Dalibard peut être acheté à l’accueil de l’écomusée (avec bien sûr la remise accordée aux adhérents) . Yvette Loncle

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