
Des trésors inestimables qui ont été présentés aux membres de l’AMEBB ce 14 Avril 2023 par Sarah Toulouse, conservatrice.
Sarah Toulouse est une passionnée. Elle porte aussi le souci de nous faire comprendre sur quel univers elle règne. Elle veille sur 400 000 documents dont 40 000 sont des livres anciens, couvrant une large période, du 11ème (un seul élément) au 18ème siècle. 3 000 livres sont des manuscrits, 75 datent du Moyen Age, ce qui, objectivement, n’est pas beaucoup, Ce n’est pas parce que la Bretagne ne produisait pas de manuscrits, c’est plutôt en raison d’aléas historiques : citons, par exemple le cas des moines de Landevennec, grand centre de production, qui ont fui leur abbaye à l’annonce de l’arrivée des Normands, emportant avec eux leurs trésors aujourd’hui conservés dans d’autres bibliothèques.
Jusqu’au 15ème siècle, les manuscrits sont sur parchemin, qui peut être aussi fin que du papier bible ! Les plus anciens que nous ayons vus sont écrits en très petits caractères. Pour les réaliser, s’opère une vraie division du travail : le copiste laisse de la place pour les lettrines et les enluminures qui sont faites par des spécialistes. Les lettrines formées d’un trait rouge sont réalisées par le rubricateur (du latin rubrica, ocre rouge), les enluminures sont l’œuvre de peintres de miniatures. Il peut y avoir des enluminures en pleine page, avec des parties dorées à la feuille. Elles se rapportent à des objets de luxe, commandés par de grandes familles qui se font représenter dans l’image ou qui sont identifiables par les armoiries figurant sur leur vêtement comme on le voit, par exemple, dans le livre d’heures de Béatrice de Rieux (vers 1390), épouse de Jean de Derval. Ses armoiries figurent sur sa robe.
Un manuscrit de 1514, en français, relate les funérailles d’Anne de Bretagne qui durèrent des jours et des jours, son effigie étant portée en cortège de Blois à Saint Denis. A cette époque, l’imprimerie existe mais il s’agit ici d’une production de luxe à destination de personnalités, par exemple Henri VIII. L’exemplaire conservé à Rennes fut offert à la Cour des comptes de Bretagne : on y voit le corps de la reine présenté dans la grande salle du château de Blois. Elle porte le sceptre et la main de justice.
Les manuscrits sont en cours de numérisation. Une partie de ces manuscrits est consultable sur le site « tablettes-rennaises.fr »

