Napoléon III et l’Impératrice Eugénie à Rennes les 19 et 20 août 1858

A l’été 1858, l’Empereur Napoléon III, accompagné de l’Impératrice Eugénie, visite la Normandie et la Bretagne. Le périple en Bretagne, commence le 9 par l’arrivée par mer à Brest et se termine le 20 août, à Vitré, par le chemin de fer. Durant ce parcours il visite plusieurs villes de Bretagne : Brest, Quimper, Lorient, Vannes, Napoléonville (Pontivy), Saint-Brieuc, Saint-Malo, Rennes, et Vitré, le point culminant étant Rennes où la suite impériale arrive, le 19 août à seize heures et en repart le 21 à dix heures. Le séjour à Rennes du couple impérial, se déroule avec un faste inégalé, ponctué de cérémonies, banquets, bals, feux d’artifices, défilés militaires, en présence des corps constitués, des ecclésiastiques, avec à leur tête l’évêque Godefroy Brossay de Saint-Marc, du maire de Rennes, Ange de Léon, du sénateur le Comte de la Riboissière, du préfet Paul Féart et des officiers supérieurs de la garnison, des décorés de la Médaille de Sainte-Hélène, des élèves du lycée impérial.

Précédemment des instructions avaient été diffusées aux maires des communes du département d’Ille–et-Vilaine pour inciter leurs concitoyens à se rendre à Rennes afin d’accueillir l’Empereur lors de son entrée dans la ville. Un arc de triomphe avait été dressé à la jonction des routes de Saint-Brieuc et de Vannes. La préfecture avait diffusé un avis, le 3 août : « Voyage de S.M. L’Empereur en Bretagne, Avis : « Il est expressément défendu de jeter des bouquets ou des pétitions dans la voiture de leur Majesté Impériale». Ce qui n’est pas sans rappeler que l’Empereur avait été la cible d’un attentat en janvier de cette même année. La ville de Rennes diffusa, par affiches un avis : « il sera interdit de laisser séjourner sur la voie publique, dans toute l’étendue de la commune des dépôts de bois, fagots ou approvisionnements quelconques. ».

Nous connaissons le programme détaillé du séjour à Rennes du couple impérial. La journée du 19 août se déroula dans l’ordre qui suit : l’accueil à l’entrée de la ville, la réception à la cathédrale puis à la préfecture, le feu d’artifice sur le champ de Mars suivie d’une fête publique au Thabor. Dans la journée du 20 août eurent lieu la réception à la mairie, la visite de l’hôpital Napoléon III (Hôtel-Dieu), un banquet breton servi dans la salle du palais de justice, une revue militaire sur le champ de Mars. Cette journée fut clôturée par un bal en présence de Leurs Majestés. Le 21 août elles prirent le train à la gare de Rennes à 10 heures. Rennes n’était desservie par le chemin de fer que depuis le 1^er mai 1857 !

Sur ce séjour à Rennes, nous disposons d’une documentation importante aux archives municipales de Rennes, aux archives départementales d‘Ille-et-Vilaine, et au musée de Bretagne (affiches). L’une de ces affiches est bilingue français/breton. C’est le discours de l’Empereur au banquet breton qui constitue un document rare. Il n’était pas d’usage de traduire un document officiel en langue régionale au XIX^e siècle. Les archives municipales de Rennes disposent de tous les documents concernant les dépenses occasionnées par ces festivités, les factures des fournisseurs et prestataires, une liste à la « Prévert » du fournisseur de boissons, des musiciens, en passant par le sculpteur et d’autres encore. Ces factures sont validées par l’architecte de la ville, Jean-Baptiste.Martenot.

On retiendra de cette visite que l’évêché de Rennes fut élevé au rang d’archevêché. L’année suivante, en 1859, Godefroy de Saint-Marc, devint archevêque. Hervé Le Vot (AMEBB)