Un écolier rural dans les années 1930
(Témoignage anonyme d’un grand-père d’aujourd’hui)
Notre école était mixte : dans les classes, les filles étaient d’un côté de l’allée centrale, et les garçons de l’autre ; de même, la cour était partagée en deux. Le matin, l’hiver pour se réchauffer avant d’entrer en classe, nous faisions plusieurs fois le tour de la cour en courant, l’instituteur en tête. Il n’y avait pas de chauffage central, pas d’électricité. Les classes étaient chauffées au bois et charbon. Les grands préparaient le poêle pour le lendemain.
Une fois par semaine, à l’occasion du travail manuel, les garçons des 2 grandes rassemblaient avec le maître pour le travail du bois, le remplacement d’un carreau, la taille des haies……les filles rejoignaient son épouse pour apprendre la couture, la cuisine…
Il n’y avait pas de cantine et l’hiver quand il faisait froid, nous pouvions apporter notre soupe dans un petit pot de fer émaillé. Le maître les faisait réchauffer sur le poêle et nous mangions notre repas sous le préau ou dans la cour. Lorsque nous avions soif, quand il faisait chaud, au retour de l’école, nous buvions l’eau dans une fontaine ou dans un petit ruisseau où il y avait des grenouilles.
Pas question pour nous de partir en colonie de vacances. On avait tout ce qu’il nous fallait dans nos campagne : les espaces, l’air pur, les ruisseaux, les animaux. Beaucoup d’entre nous avaient en charge la garde des vaches car il n’y avait pas de clôtures électriques.
Nous faisions souvent les courses au retour de l’école ou le jeudi. Pas grand-chose : le strict minimum : un bidon de pétrole une boîte d’allumettes, un kg de sucre, un kg de gros sel, quelquefois des harengs saurs. L’épicière nous donnait souvent quelques bonbons dans un cornet fait avec du journal, et s’il y avait des fourmis, nous les mangions quand même.
Il y avait peu de distractions : la commune avait trois automobiles, un seul poste de TSF. Elle fut électrifiée seulement en 1955.
L’école était « ouverture et promesse ». Mais le vieil homme n’a pas oublié les plaisirs simples qu’on ne peut évoquer sans émotion : « J’ai souvent vu le soir, en rentrant de l’école, pas de beurre à la maison, mais un gros morceau de pain avec une pomme cuite. C’était si bon.
Extrait du Bulletin de l’AMEBB, n° 56, septembre 2005.