Céline Chanas, directrice du Musée de Bretagne et Romain Bourgeois, directeur de l’écomusée de La Bintinais, sont arrivés en Bretagne venant tous les deux d’une région située aux confins du Jura et pas toujours bien localisée, même si son nom est connu de toutes et tous : la Bresse.
Elle est connue avant tout par son célèbre poulet de Bresse, la « reine des volailles » dite aussi « la volaille des rois », produit d’un élevage très ancien qui remonte à la fin du 16e siècle. Dès la fin du 18e le pays de Bresse devient un terroir de « bien manger », célébré par des gastronomes dont l’illustre Brillat-Savarin (1755-1826) l’auteur de La physiologie du goût (« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es » ou encore « un dessert sans fromage est une belle à qui il manque un œil » …). Au 19e siècle, les comices agricoles et le développement du chemin de fer ont largement contribué à la commercialisation de ce produit. Le domaine de la volaille a de nombreux labels, mais la volaille de Bresse est la seule à bénéficier depuis 1957 d’une AOC (appellation d’origine contrôlée, gage de qualité, garantissant le lien entre production, terroir, et authenticité : élevage en plein air, alimentation naturelle trouvée dans le milieu (insectes) complétée par des céréales et du petit lait. Ces conditions obligatoires participent à la saveur de leur chair et à la renommée de ces volailles).
En Bresse, la cuisine de « mères », les Blanc, Brazier, Troisgros, a porté les recettes du pays au sommet de la grande cuisine. Auprès d’elles des grands chefs étoilés sont venus s’initier à cet art culinaire, et la célèbre « poularde demi-deuil » d’Eugénie Brazier a toujours sa place sur les cartes !
Le chapeau féminin de Bresse : une construction originale.
Le chapeau à cheminée qui daterait du 16e siècle est un signe d’appartenance régionale et de distinction sociale. Il est constitué d’une élégante « cheminée », surplombant un large plateau de feutre encadré de pans de dentelle noire couvrant les épaules. Sur le côté est accrochée une chaînette dorée (or, vermeil ou laiton) dont la nature du métal traduit la richesse de celle qui la porte. Cet ensemble comporte des variantes locales. Les femmes ne possédaient qu’un seul de ces chapeaux, soigneusement conservé dans sa boîte en carton et transmis de mère en fille. Il a été délaissé à partir du début du 20e siècle.
Les émaux de Bresse

Ce bijou régional, toujours d’actualité, est mentionné dès le 14e siècle, en lien avec le costume. C’est au milieu du 19e siècle que les orfèvres bressans Amédée Bonnet et Amédée Forvet donnent une impulsion nouvelle à ces créations régionales. De leur atelier de Bourg-en-Bresse, ils créent un genre nouveau intégrant aux fonds colorés de plaques émaillées, paillettes d’or et perles d’émail. Hauts en couleur ces bijoux séduisent au-delà de la Bresse et deviennent à la mode à Paris. Au 21e siècle, ce travail se perpétue encore à Bourg-en-Bresse dans un unique atelier, sous forme de bijoux et autres créations aux formes contemporaines. Les émaux bressans sont réalisés sur des plaques d’argent ou de vermeil émaillées, décorées et serties. Leur spécificité est dans la richesse des décors et dans le savoir-faire des émailleurs. Le bijou est serti sur une monture qui reçoit un double poinçonnage, celui de l’État, garant de la qualité du métal et celui du maître orfèvre qui renseigne sur son origine et son créateur.
Ces bijoux sont toujours des cadeaux traditionnels et appréciés, qui participent à l’image identitaire de la Bresse.
Lysiane Rannou (Source: Guide des musées de l’Ain, musée de la Bresse)